Qui sommes-nous ?


Un projet social comme une nouvelle étape !

Fondée en 2017 par Guy Roustang, avec l’aide technique de Jérémy Roustang, l’Encyclopédie du Changement de Cap (ECCAP) a pour vocation de contribuer à une éducation citoyenne à visée transformatrice. Jusque-là, l’ECCAP a pris la forme d’un espace numérique au sein duquel des constats et des pistes de changement de cap écrits par des contributrices et contributeurs sont mis en ligne, sous forme de textes principalement. En plus du site Internet, des lettres bimensuelles envoyées par courriel sont l’occasion de partager des contenus en lien avec l’actualité.

1. Pourquoi une encyclopédie du changement de cap ?

L’encyclopédie du changement de cap ambitionne de montrer qu’un changement d’orientation de nos sociétés s’impose et souhaite contribuer à un mouvement le plus large possible de prise de conscience de cette nécessité. Pour cela, il nous importe de clarifier les défis à relever et de rendre visible les nombreuses expérimentations. En conservant un optimisme volontariste, nous ne fermons pas les yeux : les dangers qui nous menacent sont immenses.

Citons-en quelques-uns :

  • Le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité sont les plus évidents. Les politiques mises en œuvre restent pourtant dérisoires.
  • Les démocraties sont fragiles. En France, on constate par exemple l’affaiblissement du Parlement et l’abstention aux élections. Des régimes autoritaires dominent déjà en Chine, en Russie et dans d’autres pays.
  • En vingt ans les géants du numérique (les GAFAM) ont acquis une puissance financière considérable. Ils façonnent nos modes de vie, sans autre souci que l’augmentation de leurs propres bénéfices.

Il devient alors essentiel que la place du pouvoir politique devienne centrale face aux pouvoirs économiques et financiers. Nous proposons de définir le « pouvoir politique » plus largement que le seul pouvoir des élus. Il est aussi animé par des personnes en charge de la mise en œuvre de leurs décisions tout comme l’ensemble du corps social organisé qui contribue à faire et penser la société.

2. Les intentions de l’ECCAP

Présentées de façon synthétique sous forme de questions, ces 6 intentions permettent d’ouvrir les débats et de les nourrir par des contributions.

  • Une démocratie pour vivre ensemble. Ou comment articuler la démocratie représentative avec de multiples formes de processus et d’espaces démocratiques ?
  • Politiser la technique. Ou comment la technique peut être soumise à des considérations politiques et éthiques ?
  • Agir dans une économie plurielle. Ou comment rendre visible et encourager les multiples initiatives qui contribuent aux formes économiques de notre société, au-delà du couple marché/Etat ?
  • Habiter les territoires et répondre aux besoins essentiels. Ou comment la situation écologique et sociale nous oblige à modifier radicalement nos modes de vie. Quelles pistes existantes et à construire pour l’habitat, l’éducation, la santé, les ressources énergétiques… ?
  • Enchanter nos mondes. Ou comment laisser vibrer les « tensions » entre culture et croyance. Quels imaginaires, récits et rapports au monde accompagnent/peuvent accompagner les êtres humains ?
  • Vers une nouvelle géopolitique, penser la mondialité. Ou comment imaginer de nouvelles relations entre pays et peuples, à côté des Etats qui les représentent ?

3. Questionner de nouvelles conditions de transformation ?

Dans une perspective de changement de cap, les conditions de la transformation de la société deviennent « objets en tension », objets de controverse que l’Eccap souhaite développer.

Nous mesurons la complexité et c’est pourquoi, le premier enjeu est de rendre possible et perceptible des chemins de pensée et des expérimentations alternatives pour dépasser les logiques mortifères d’une dualité mise en scène par les promoteurs du néolibéralisme et les conservateurs d’une identité fantasmée. L’intensité des urgences écologiques, démocratiques, sociales, économiques et technologiques peuvent nous rendre impuissants à agir. Elles questionnent les conditions de notre transformation pour nourrir des chances de mobiliser le plus grand nombre à l’horizon étroit des prochaines années.

Comment alors s’appuyer sur l’expérience que nous avons traversé depuis ces 50 dernières années : une connaissance qui s’est précisée depuis les années 70 sur les conséquences d’une croissance du seul PIB mortifère mais une conscientisation entravée par des réponses institutionnelles qui ne laissent aucun espace aux doutes et aux marges. Aujourd’hui encore, les politiques publiques et les élus sont encore majoritairement dans le déni sur cette question.

Devant de tels défis, commencer par quoi ?

  • Questionner nos propres expériences et elles sont nombreuses au sein de l’Eccap : ses contributeurs et contributrices mais aussi son lectorat.
  • Questionner les conditions de la transformation, ce sont d’abord les conditions d’un processus et non d’un point de bascule qui, comme le grand soir, serait l’événement qui change tout. Nous n’espérons pas la révolution, mais nous mesurons l’accélération chaque jour vers le mur ou le précipice.

Certaines de nos intentions nécessitent des transformations rapides et ce, à plusieurs niveaux, du micro-local jusqu’à l’échelle d’une mondialité, inspirées par la lecture du poète Edouard Glissant. Ces transformations nécessitent alors un imaginaire. La poïétique, comme étude de ce qui peut exister et des potentialités, comme processus de création, devient alors un antidote face à la peur, nous permettant de rendre l’incertain désirable, autant de lumières sur un chemin de pensée et d’action qui va s’assombrir jour après jour.

Ce contexte peut transformer l’incertitude en énergie créatrice, pour imaginer, penser et agir dans la complexité du monde. L’une des conditions ne serait-elle pas un espace de rencontres qui polarisent et fertilisent et notamment dans une relation intergénérationnelle. Si des « jeunes » et des « vieux », dans le respect de ses deux termes qui n’essentialisent pas, dialoguent et partagent expériences et ressources, loin des caricatures mises en scène des boomers, ces « tiers-espaces » ne permettront-ils pas de transformer, chacune et chacun d’entre nous, et ce collectif en travail ?

Ces urgences sont autant d’accélérations qui questionnent plusieurs leviers : la place de l’individu, la place d’un collectif de travail, la place d’une organisation et enfin, la place de l’institution. Sur chacune de ces dimensions, l’Eccap souhaite ouvrir un espace de dialogue et de controverse des savoirs articulant théorie, méthodes et expériences. Une tentative de raisonner en assumant des polarités, de résonner en révélant aussi nos communs.

Dans une définition inspirée par l’œuvre de Paul Ricoeur (L’idéologie et l’utopie, Editions du Seuil, 1997) : « Est démocratique, une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêts et qui se fixe comme modalité d’associer, à parts égales, chaque citoyen dans l’expression de ces contradictions, l’analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions en vue d’arriver à un arbitrage. »

4. Plus concrètement, comment créer les conditions d’un dialogue des savoirs ?

L’encyclopédie du changement de cap se veut être un espace contributif de ressources permettant le partage des savoirs, de façon à faciliter la construction par tout un chacun de ses opinions et des moyens d’agir collectifs et individuels.

Les savoirs dont il est question sont tout autant issus des sciences que des expériences : définitions de concepts, regard historique, partage de pratiques, retour d’expérience. Ils peuvent poser des constats, alimenter des voies pour un changement de cap mais aussi proposer des méthodologies de mise en débat. En effet, il nous semble essentiel de faciliter la mise en discussion voire en expérimentations des contenus qui figurent dans l’ECCAP de façon à les enrichir et les essaimer. Ainsi ces savoirs ne sont pas figés et ils sont agissants : ils facilitent l’action ou en résultent.

Un dialogue des savoirs peut prendre plusieurs formes.

– La transmission :

Faire savoir ce qui se fait et ce qui se pense en matière de changement de cap à partir d’un partage volontaire. Cette transmission peut passer par des contributions proposées pour l’ECCAP par des associations, des collectifs non formalisés, des personnes en recherche, mais aussi par l’agrégation de contenus de sites amis (renvois vers site Internet amis).

– La mise en dialogue :

Il s’agit pour l’ECCAP de rendre lisible les désaccords et les points de tension de façon que tout un chacun puisse construire son opinion

– La co-construction :

Co-construire des définitions et des manières de faire. Cette co-construction nécessite des espaces physiques d’échanges et d’expérimentation : des savoirs de l’ECCAP alimentent voire génèrent des pratiques tout autant que des pratiques alimentent et génèrent des savoirs. C’est dans cette optique, et pour favoriser la construction collective de ce que pourrait être un changement de cap, que l’Eccap se rapproche du Réseau des Cafés Culturels et Cantines Associatifs (RECCCA), d’associations d’éducation populaire ou d’espaces plus ouverts comme les Tables de quartiers.

– La dissémination :

Les contenus de l’ECCAP ne sont pas, en tous cas pour l’instant, accessibles à toutes et tous.

Dans l’esprit d’un « wikipédia du changement de cap », il s’adresse à toutes personnes qui recherchent des informations sur des alternatives possibles et des expériences réussies. C’est pourquoi, l’ECCAP s’adresse à des « passeurs » qui pourront se saisir de ces ressources pour engager les échanges.

L’ECCAP est géographiquement située. Nous souhaiterions qu’elle puisse accueillir des contributions d’autres pays, dans un premier temps francophone pour des questions pratiques, de façon à enrichir les mises en dialogue.

Mais l’Eccap est elle-même un processus, elle conservera une dimension instituante et questionnera régulièrement son utilité, ses finalités et ses moyens. En ce sens, elle reste un projet accueillant toutes les bonnes volontés qui souhaitent y contribuer.

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