Il est inutile d’essayer, en préliminaire, de proposer un diagnostic de nos sociétés car tous les diagnostics les plus divers remplissent les colonnes des journaux et sont proposés dans les émissions de télévision. Disons simplement, brièvement, que nous vivons dans une société de consommation, une société du spectacle, une société de l’éphémère et de la vitesse, de l’individu qui doit toujours se surpasser et de la montée constante des inégalités. Type de société qui ne donne de satisfaction à personne, chacun exprimant ses peurs de l’avenir et proposant les solutions les plus diverses sans que la plupart d’entre elles puissent être mises en action.
Société enfin où les progrès technologiques sont impressionnants, société de la mesure, de la «quantophrénie» (Sorokin), de l’évaluation continue où seuls les premiers sont reconnus et les autres plus ou moins traités d’assistés, de profiteurs, «d’inutiles au monde» ou de paresseux. Société donc où seuls sont reconnus et appréciés les «premiers de cordée», les « vainqueurs », ceux qui se dépassent, sont riches, cultivés, propres, plutôt de « race » blanche alors que les autres forment le «vulgum pecus» dont on ne sait que faire sinon de le surveiller.
Il serait possible, naturellement, d’énoncer d’autres caractéristiques de nos sociétés rabougries et égoïstes mais ce serait tomber dans le travers dénoncé ci-dessus. Aussi nous en resterons là.
Revenons donc à la perspective psychosociologique telle que nous l’entendons.
A) Elle met en liaison la conduite individuelle et collective avec la vie psychique et le champ social. Le terme de psychosociologie proposé par les praticiens et théoriciens français (et adopté par d’autres. cf. le début du texte) montre bien qu’il est nécessaire pour tenter de comprendre les conduites humaines (individuelles, groupales, collectives) de tenir compte aussi bien de la vie psychique individuelle et collective que des processus considérés comme principalement sociaux ou socio-économiques. C’est la seule manière d’explorer ce que M. Mauss nommait le « phénomène social total » et que la psychosociologie préfère nommer le « phénomène psychosocial total » (n’oublions que M. Mauss, bien que sociologue, a été président de la société française de psychologie, qu’il a essayé d’analyser les « rapports réels et pratiques de la psychologie et de la sociologie » et que tous les psychosociologues français se sont réclamés de l’enseignement de Marcel Mauss).
Dans cette perspective nous savons que pulsions, désirs, phantasmes, projections interviennent directement dans le champ social et que donc le psychosociologue, sans être analyste, doit posséder une bonne culture psychanalytique pour comprendre les phénomènes en particulier de transfert et d’identification qui interviennent dans la « scène psychosociale ».
B) Elle ne se donne que des tâches et des buts atteignables. La psychosociologie n’est pas révolutionnaire. Elle estime que toutes les révolutions se sont mal terminées et ont toujours permis l’instauration de sociétés autocratiques ou totalitaires (après la révolution française, le « bonapartisme » puis l’empire, après la révolution russe, le stalinisme oppressif, après le maoïsme révolutionnaire un maoïsme totalitaire ayant entraîné des millions de morts).
Cela ne signifie pas que la psychosociologie n’écoute pas les paroles de ceux qui n’ont, la plupart du temps, pas le droit à la parole ou qui se font agressés s’ils la prennent. Au contraire elle désire et elle fait en sorte que toutes les personnes, quelque soit leur niveau social, leur sexe, leur « race » puissent intervenir dans la vie de la cité : la psychosociologie est d’essence anti-hiérarchique, antibureaucratique, anti-technocratique. Elle se défie des « experts » (les technocrates ou les stratèges), elle pense que les « petites gens » sont aptes, s’ils sont bien informés, si la discussion est claire et exigeante, si tout le monde peut parler et s’écouter (comme dans l’éthique de la discussion de J. Habermas), à trouver, à inventer des solutions novatrices aux problèmes qui leur sont posés.
On pourrait dire alors qu’elle est profondément réformiste. Non, en aucune manière. La psychosociologie considère que le non-changement n’existe pas. Il ne s’agit pas à certains moments de se rendre compte qu’il existe des problèmes à solutionner. Il s’agit d’accepter que le monde, encore plus actuellement, est dans un état normal de perpétuel changement et d’être prêt à anticiper, accompagner, prolonger, contredire ou combattre au besoin les changements spontanés ou programmés que se déroulent chaque jour sous nos yeux. Qui aurait pu penser au moment de l’invention des grands ordinateurs comme l’Univac que pratiquement tout le monde aurait son ordinateur portable ? Qui aurait pu penser au moment de l’émergence de la révolution numérique que la plupart des faits, des données se trouveraient sur tous les smartphones de qualité ? En fait beaucoup de personnes avaient perçu ces évolutions mais peu étaient en mesure de les nommer. Or c’est un but de la psychosociologie de « donner leur véritable nom » à ce qui est en train de
s’instaurer (et avant une installation définitive) pour pouvoir, comme Adam le faisait avec les animaux, avoir une certaine et une incertaine maîtrise de ce qui est en train de se produire. Dans le cas contraire, l’humanité non seulement serait toujours en retard sur ce qui se passe réellement mais encore elle laisserait le champ libre à ceux qui voudraient se servir des changements opérés pour les détourner à leur propre profit. Un seul exemple : le développement de l’information, la possibilité pour chacun de photographier les événements, le développement des réseaux sociaux au lieu de démocratiser l’information, de la rendre plus disponible, de renforcer l’initiative collective ont le plus souvent donné naissance aux « fake news » et au déploiement des injures ou des propos racistes.
Le monde espérait parvenir à écouter plus de vérités ; il n’écoute plus que « des faits alternatifs », des slogans, de la langue de bois. Le psychosociologue, qui n’est pas plus intelligent qu’un autre spécialiste, a un avantage pour lui : il sait que les « faits » n’existent pas comme tels mais sont construits, que les gens se battent pour essayer de faire admettre leurs opinions en leur donnant un caractère de vérité et qu’il doit se garder aussi bien à droite qu’à gauche car tout le monde, même de bonne foi, voudra le persuader et lui faire prendre des « vessies pour des lanternes ». Or il se doit de maintenir, comme Freud et même s’il n’est pas psychanalyste, dans une position de « désillusionneur ». Un psychosociologue, digne de ce nom, essaie de délivrer les groupes avec qui il travaille des « illusions » toujours mortifères qui les animent plus ou moins. Il doit aussi les aider à analyser les croyances et les convictions qui les font travailler. Non qu’elles seraient nécessairement fausses ou inadéquates, mais simplement parce que toute croyance ou conviction peuvent et doivent être mises en question.
En cela, le psychosociologue n’est pas un réformiste. Il est un « éveilleur » et un « éveillé » c. a. d. quelqu’un qui, comme Montaigne, doit toujours se demander et demander aux autres de se plier au joug d’une analyse constante, ouverte, agréable mais exigeante de ce à quoi ils croient, de ce qui les motive et qui peut-être les rend heureux ou au contraire défaitistes. Tâche impossible que celle-ci pourrait-on répondre à une telle constatation. Au contraire, il n’est rien qui rend plus heureux que d’être capable de s’analyser et de promouvoir une analyse poussée dans les groupes, car cela permet de se libérer de ses « passions tristes » (Spinoza) et d’accéder à un plus grand degré de lucidité et donc de liberté.
C) Le psychosociologue, tel que nous l’entendons, est mû par une « éthique de la finitude », forme d’éthique à laquelle j’ai donné ce nom. Tout le monde connaît trois sortes d’éthique : l’éthique de la conviction (Kant), l’éthique de la responsabilité (Max Weber), l’éthique de la discussion (Jürgen Habermas). Dans l’éthique de la conviction, l’homme décide d’entreprendre une action conforme à ses convictions sans se préoccuper des conséquences de son action (en fait, il estime toujours dans son « for intérieur » que son action aura des conséquences heureuses, en quoi il se trompe. Ainsi dans l’exemple de Kant, si quelqu’un a comme conviction qu’il faut toujours dire la vérité, il dira qu’il cache un fugitif que la police recherche quand il sera interrogé, ce qui amènera inéluctablement l’emprisonnement ou même la mort de ce fugitif qui essayait de fuir des lois iniques. Benjamin Constant a souligné, dans son temps, la contradiction dans laquelle s’était mis Kant qui, voulant définir un homme honnête, finit par en faire un meurtrier). Les grands chefs d’État sont souvent des êtres qui ont le courage de leurs convictions, bonnes ou mauvaises. Dans l’éthique de la responsabilité l’individu ne pose des actes qu’après avoir envisagé toutes les
conséquences possibles et il choisit de n’entreprendre que celle qui aura le plus de conséquences fastes et qui donc ne suscitera en lui aucun regret de ne pas avoir choisi une autre décision. Il faudra donc qu’il puisse déployer l’éventail des conséquences possibles. Or, il n’est jamais certain d’avoir fait le tour de la question. Sa rationalité est toujours limitée comme l’a bien montré Herbert Simon.
Habermas montre, de son côté, qu’une décision n’entraîne l’adhésion et donc sa transformation en acte que si l’ensemble des personnes impliqués dans le processus et qui doivent subir les conséquences de la décision ont pu participer librement dans une libre et honnête discussion à l’élaboration de celle-ci. Le problème c’est qu’il faut être déjà démocrate dans sa conduite pour pouvoir discuter et argumenter démocratiquement avec les autres que l’on considère comme des égaux et des partenaires et non comme des adversaires ou des ennemis.
Le psychosociologue, mû par une éthique de la finitude, se conduit autrement. Il peut avoir des convictions mais comme il a été dit plus haut, il est capable de s’interroger et d’être interrogé dans ses convictions. Il est plus près de Montaigne que des héros de Corneille. Il s’intéresse aux conséquences possibles mais il sait qu’il ne peut mettre en oeuvre qu’un rationalité limitée et donc il sait d’avance que des conséquences inattendues (des « effets pervers ») peuvent se produire. Enfin, s’il est un partisan de la libre discussion et de la décision collective, il sait aussi que tout le monde dans un groupe ne joue pas le jeu, que certains essayeront de manipuler la discussion en leur faveur et que bien des décisions seront des décisions de compromis de valeur médiocre. Il a donc des convictions mais il s’interroge, il essaie d’être rationnel mais il connaît les limites de ses jugements, il a confiance dans ses partenaires mais il fait attention à ne pas être « le dindon de la farce ». Et puis il connaît la force de son inconscient qui peut lui faire accomplir des actes auxquels il n’aurait jamais pensé. D’où l’éthique de la finitude qui envisage l’acceptation de l’impuissance, la prise de conscience des limites, la connivence de chacun avec la mort qu’il porte en lui et qu’il peut projeter sur les autres. C’est lorsque le sujet se situe à la fois comme porteur de vie et de mort, comme égoïste et altruiste, comme être de raison et de passion, comme un être qui pense seul et avec les autres qu’il va être capable de sublimation c’est-à-dire de se chercher lui-même dans les autres et les autres en lui-même dans une quête permanente de vérité et d’autonomie pour lui-même et pour autrui. Dans l’éthique de la finitude, le psychosociologue se met en danger lui-même, il espère que, comme le dit un psychanalyste, que c’est celui « qui n’a pas peur de se déchirer » qui est capable d’oeuvrer dans la plus grande lucidité. Ainsi, n’ayant pas trop la crainte de se perdre il peut se retrouver avec lui-même et avec les autres.
D) Cette conception de la posture et de l’action du psychosociologue s’accorde avec la conception qu’il a de l’être humain. Pour lui, comme pour Walter Benjamin, chaque homme est un être historique (ce que nous avons nommé un « créateur d’histoire »), quelque soit la place qu’il occupe sur l’échiquier social. Situé très haut, il pourra, peut-être exercer une énorme influence ; situé très bas, dans la hiérarchie sociale, il ne pourra faire « bouger les choses » qu’avec difficulté et l’appui de beaucoup d’autres comme nous le constatons dans les séances de sit-in ou « d’occupy city ». Mais en tout état de cause, il peut (et il doit sans doute) influer sur le cours des événements, pour le meilleur comme pour le pire. Il n’y a personne d’innocent, tout le monde est l’auteur plus ou moins anonyme de « moments de civilisation comme de moments de barbarie », comme le dit encore Benjamin. Lautréamont disait que la poésie devait être faite « par tous, non par un ». Il avait raison, la transformation sociale également. Cette transformation ne prend pas la forme d’une révolution ou d’une série de réformes (cf. supra).
Elle a lieu tous les jours, souvent à bas bruit, dans toutes les actions quotidiennes de lutte pour l’amélioration des conditions de travail ou pour une augmentation de la rémunération, de création de nouveaux rapports sociaux avec sa femme ou son mari, de même qu’avec les enfants, les voisins, les personnes de rencontre. Wilhelm Reich avait raison. Ou la révolution (même si ce terme ne nous convient pas) a lieu chaque jour, dans les moindres gestes ou elle n’a pas lieu. Il n’y a pas de « grand soir », de « grève générale » qui mettent à bas les puissants, il y a la volonté journalière de transformer à son niveau, et comme on peut (car le pouvoir de chacun est mince) la réalité psychosociale.
Ce rôle éminent de chaque être, de se situer comme créateur d’histoire, peu de gens hélas le reconnaissent car il s’agit d’un fardeau dur à porter. Il signifie que chacun est (plus ou moins) responsable de ce qui lui arrive et de ce qui survient sur la scène psychosociale. Les « existentialistes » avaient aussi raison, même si leurs démonstrations étaient lourdement
moralisatrices. Tout le monde est engagé, qu’il le sache ou non. Tout le monde est responsable (un peu) de l’état de notre monde. Quand quelqu’un obéit bêtement, quand il détourne les yeux devant la misère et l’iniquité, quand il ne voit plus les choses et les êtres comme s’ils les voyaient pour la première fois, quand il se laisse aller à la pente de la jouissance à tout prix, de la consommation ostentatoire, quand il accepte l’injonction du dépassement continu etc… il manque à « sa qualité » d’être humain capable de réflexion et de sublimation ; de remise en cause, de penser ce qui n’a jamais été encore pensé. Il se laisse prendre à ce monde de la vitesse, de l’obligation de changement permanent, alors qu’il oublie qu’il ne peut agir qu’après avoir pensé ou qu’en pensant et que de toutes manières il est, quelque peu, un agent de changement dans la mesure où il est un être vivant.
Certains actuellement ont tendance à désespérer de l’homme et estiment que celui-ci, surtout celui des sociétés technologiques avancées, ne croit plus qu’à la science, qu’aux technologies nouvelles et se prépare à entrer, quasi comme un robot, dans un univers robotisé. Ils ont tort car une vision historique (certes peut-être mensongère!) nous apprend que les hommes, malgré leur peur, parfois leur lâcheté, leur violence, leur aveuglement, finissent la plupart du temps par trouver des solutions à des problèmes apparemment insolubles. Le pire n’est pas toujours sûr, même s’il advient un peu trop souvent dans la vie humaine.
E) alors quels sont les voies de dégagement ou mieux de renouvellement possible. Devons-nous nous contenter d’accepter certaines réformes nécessaires, devons-nous accepter que les hommes, dans leur majorité, se laissent bercer d’illusions, se réfugient dans leur identité sociale, familiale, personnelle. Devons-nous accepter ce monde de petits « egos » qui se prennent pour des « egos grandioses» chaque fois qu’on les flatte ou qu’ils disposent d’une certaine marge de pouvoir. Naturellement non même si ce n’est pas la voie de la facilité.
1) Il faut d’emblée regarder les hommes tels qu’ils sont, ni anges, ni bêtes. Capables de penser et soucieux de penser et de se comporter comme les autres, apte à l’héroïsme et à la lâcheté la plus nocive, ouvert à autrui et capable un jour de tuer son voisin (cf. les massacres de Rwanda), mélange en définitive de haine et d’amour, animal politique et animal sauvage. En définitive, un ensemble plus ou moins fou car il n’a pas comme les animaux des instincts pour le guider. Il n’a que des pulsions, des phantasmes, des représentations qui l’amènent à créer les plus belles choses (ex parmi d’autres les sculptures de Michel-Ange ) ou à inventer l’enfer sur terre (les camps de la mort). C’est à cet être curieux, totalement contradictoire, fou et génial, raisonnable et passionné, aimant et haïssant autrui que la psychosociologie à affaire. Ce n’est donc pas un être qui veut passer à l’âge industriel et rationnel comme le croyait Saint-Simon, ce n’est pas un être qui cherche l’association entre égaux comme le disait Proudhon, ce n’est pas un être qui peut organiser son travail et ses
passions avec d’autres dans des phalanstères heureux comme l’imaginait Fourier, ce n’est pas un être voué au travail (le travail comme essence de l’homme) capable de comprendre le fonctionnement du monde capitaliste et « de se libérer de ses chaînes» comme le voyait Marx (nous nous excusons de ce résumé certainement déformant). C’est un être totalement imprévisible qui est l’acteur. Et c’est pour cela que depuis Platon tout le monde se demande comment le gouverner, comment l’éduquer, depuis Freud, comment l’analyser et le comprendre et que tous les bons auteurs et les bons praticiens savent que gouverner, éduquer, psychanalyser (et nous ajouterons intervenir psychosociologiquement) sont «des métiers impossibles » c.a.d. des métiers où les résultats attendus ne seront jamais à la hauteur des efforts fournis.
2) Compte-tenu de ce que sont les hommes individuels (des êtres définitivement imprévisibles mais qui ne peuvent vivre seuls) il est évident qu’une intervention psychosociologique
ne peut avoir lieu que s’ils en font une demande express ou au moins qu’ils envisagent avec ferveur ou sérénité ce type de travail proposé par une équipe de psychosociologues. Il n’est pas possible (ce serait même aberrant) d’imposer une action, de quelque nature qu’elle soit (formation, coaching, consultation, suivi d’équipe, travail en collaboration, intervention psychosociologique approfondie etc.) à une personne ou à un groupe de personnes s’il n’y avait pas le moindre désir de sa (ou de leur) part de se lancer dans une aventure dont l’issue est toujours incertaine. Freud notait déjà en ce qui concerne l’intervention psychanalytique en 1929 : «à quoi servirait l ‘analyse la plus pénétrante de la névrose sociale, puisque personne n’aurait l’autorité nécessaire pour imposer à la collectivité la thérapeutique voulue ? » La psychosociologie, ayant moins de lettres de noblesse que la psychanalyse, a encore plus de chose d’être récusé qu’une analyse sociale.
Ceci étant (et l’existence d’un groupe comme le CIRFIP – Centre international de recherche, de formation et d’intervention en psychosociologie – le montre), la psychosociologie commence à être reconnue et les 120 membres du Cirfip sont souvent sollicités, même si leurs analyses et leurs modes de travail demeurent souvent des « objets étranges » pour ceux qui ont formulé une demande.
3) les travaux des psychosociologues isolés des autres expériences sociales ne peuvent avoir qu’une influence minime. C’est pourquoi (mais nous ne pouvons le développer dans ce texte) il faudrait que les multiples expériences qui seront abordés dans un prochain numéro de la « nouvelle revue de psychosociologie » (le no 28 : « faire société autrement) et qui sont « pour la plupart l’oeuvre des jeunes générations qui entendent poser là des choix plus autonomes parmi les ressources du passé et du présent pour réparer un avenir altéré ou pour faire advenir un monde souhaité » (extrait de l’argument du numéro) puissent se raccorder, d’une manière ou d’une autre, mais le plus étroitement possible, à la recherche et à l’intervention psychosociologique nées déjà il y a près de 80 ans. En effet nous pensons que si les psychosociologues, influencés d’un côté par les socialistes utopiques (Saint-Simon, Proudhon, Fourier, Owen) et par Marx, et de l’autre par les théoriciens anglais et américains de la psychologie sociale, n’avaient pas depuis longtemps proposé de nouvelles manières de penser et de réaliser le changement, il n’y aurait pas à l’heure actuelle de tels désirs et de telles actions de changement pour proposer d’autres possibilités visant à l’invention continue d’une nouvelle société.