Nucléaire : la fausse controverse


Et si la France dénucléarisait ?

A la folle insouciance énergétique des années 60/70 qui a vu notre pays s’équiper en électronucléaire, et les pouvoirs publics encourager les foyers français à s’équiper en tout électrique, a succédé après les accidents de Tchernobyl en 1986 et de Fukushima en 2011, la sourde inquiétude du risque d’accident nucléaire sur notre territoire, couplée à la réelle préoccupation d’un approvisionnement énergétique décarbonné.

En effet, les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont un impact significatif sur le réchauffement climatique constaté et les catastrophes qu’il engendrera s’il n’est pas contenu par un changement fondamental des modes de développement économique et des pratiques quotidiennes de chacun d’entre nous. Le lien entre réchauffement climatique et activités humaines s’est invité dans le débat, jusqu’à devenir l’enjeu de survie de notre espèce et de tout son environnement. Les Nations Unies reprenant à leur compte les rapports du GIEC, estiment que 9 catastrophes sur 10 sont désormais liées au réchauffement  et au cours des 20 prochaines années elles ne feront que croître en nombre et en intensité. En cette fin de XXème siècle, relayée par les medias, s’imposa comme une évidence la prise de conscience que la planète n’était pas un bien inépuisable et que nous en étions comptables vis à vis des générations futures. Les ONG écologistes apparaissent et commencent à influencer les choix politiques. Les « Sommets de la Terre » à partir de 1972, organisés par l’ONU tous les 10 ans, s’institutionnalisent et aboutiront à l’Agenda 21 en 1992. Apparait la notion de « sustainable development » traduite par le concept de « développement durable ». Ce concept est né dans les pays nantis qui avaient atteint un niveau de richesse élevé, les autres luttant encore pour leur survie. L’humanité est entrée dans une ère nouvelle. Le monde apprend à compter en CO2.

Parmi ces ONG évoquées plus haut, certaines s’affichent ouvertement anti-nucléaires et militent pour la sortie du nucléaire. Elles ont raison de s’adresser aux politiques et d’affirmer que le choix de sortir ou pas du nucléaire est une décision politique. Toutefois, au regard des données d’entrée évoquées en introduction il ne parait pas raisonnable de trancher, aujourd’hui, en l’état des connaissances scientifiques et de leur traduction industrielle, par une réponse sommaire qui serait « oui ou non ». Il semble plus intéressant d’adopter une approche globale, mondiale et raisonnée de la demande énergétique qui est au cœur-même de la polémique.

L’énergie est un des enjeux vitaux planétaires de ce XXIème siècle. Sans énergie, comment répondre aux besoins d’éducation, de transport, d’échanges, de santé, de bien-être des peuples ? L’accroissement du nombre d’habitants de notre planète conduit à une demande accrue, voire exponentielle d’énergie. Mais, après Tchernobyl et Fukushima, de plus en plus de gens, d’associations, de partis politiques, en France et dans le monde ont prôné la sortie du nucléaire. Pourquoi pas ? Ce n’est pas un impératif philosophique que développer l’énergie nucléaire. Toutefois, avant d’en décider, tenons compte de contraintes indissociables :

  • La Terre connait une phase de réchauffement climatique et il faut réduire les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) dont le CO2
  • Le monde va avoir besoin d’énergie de manière croissante pour assurer à ses 10 milliards d’habitants un niveau de vie jamais atteint globalement au cours des siècles précédents.

Si on parvient à trouver suffisamment d’ « énergies propres » et sûres pour permettre d’atteindre cet objectif tout en diminuant les GES, sans avoir recours au nucléaire, alors abandonnons l’énergie nucléaire. Mais il faut tenir compte de ces deux données indissociables –qui sont un impératif moral—et ne pas se contenter du slogan « sortir du nucléaire ».

Aujourd’hui, dans notre monde occidental nanti, l’énergie n’a pas bonne presse. Elle est synonyme de pollution en tous genres : atmosphérique, alimentaire, environnementale…etc. La presse en souligne les effets désastreux à l’occasion d’un naufrage de pétrolier, des hausses répétées de carburant, du gaz, de l’électricité. Mais vue d’un petit village africain, d’un hôpital indien ou d’une ferme chinoise, l’énergie c’est l’édification d’un puits,  l’installation de matériel qui permet la survie d’un enfant, la construction d’une école disposant d’outils pédagogiques contemporains (ordinateurs, connexion internet) ou la liaison avec une ville proche. Tous les pays émergents ont la ferme intention légitime de se développer. Déjà, la demande en énergie connaît une expansion considérable dont les effets se font sentir de manière automatique sur la pollution de l’air des grandes métropoles urbaines.

Pour faire face à cette demande*, nous aurons besoin de toutes les formes d’énergie non émettrices de GES, y compris du nucléaire. En revanche, on ne doit pas esquiver les problèmes qu’il pose en matière de sûreté et de gestion des déchets. Mais il faut considérer globalement les problèmes énergétiques, les ressources disponibles, leurs limites et leurs contraintes. Le nucléaire s’inscrit dans l’ensemble.

 

*Pour une connaissance chiffrée précise des scenarii énergétiques d’ici 2050, lire l’excellent ouvrage de J. Foos et Y.de Saint Jacob dont s’inspire cet article: « Peut-on sortir du nucléaire ? » paru en 2012 chez Hermann.

 

On peut aujourd’hui dénombrer 8 sources principales d’énergies : éolien, hydraulique, solaire, géothermie, biomasse, fossile (pétrole, gaz, charbon), nucléaire, économies d’énergie. S’assigner l’objectif de fournir la planète en énergie sans la détériorer en assurant un partage plus juste entre les habitants du monde passe par le développement et la montée en puissance des énergies renouvelables et un ralentissement du nucléaire. Cette phase, appelée « transition énergétique » a déjà commencé. Raisonnablement, sauf cas de rupture technologique impossible à imaginer aujourd’hui, cette transition devrait durer environ une cinquantaine d’années.

Nous trouverons l’énergie nécessaire parce que c’est vital. Mais si l’on veut tenir compte de la contrainte de diminution voire de suppression des GES, elle sera plus chère. Il est certain que les revenus de chacun n’évolueront pas en conséquence et nous devrons chez nous surtout, pays nantis, promouvoir un état d’esprit plus responsable qui nous permettra d’accepter les changements inévitables de mode de vie : développer les modes de partage plutôt que posséder individuellement, réparer les matériels plutôt qu’acheter systématiquement en cas de panne, proscrire les matériels à obsolescence programmée, fixer des objectifs d’économies d’énergies réalistes*. Economiser l’énergie est une urgence. La prise de conscience est en marche. Mais dans le monde instable que nous connaissons ce sera difficile et relève de la double responsabilité individuelle et collective. Quoiqu’il en soit, cette double responsabilité, individuelle et collective, conduit à poser la question des choix énergétiques dans des débats politiques et citoyens. C’est encore loin d’être le cas, aussi le champ du débat est-il le lieu d’affrontements entre différents lobbys porte-paroles de positions radicales antagonistes où l’affect prend le pas sur la discussion et le débat serein. Fukushima a relancé le mouvement « sortir du nucléaire ». Encore une fois, pourquoi pas ? Si on trouve mieux, tant mieux. Encore faut-il savoir par quoi il sera remplacé dans la mesure où la montée en puissance des énergies renouvelables ne suffit pas actuellement.

La sécurité énergétique est une des missions régaliennes des Etats et l’anticipation est indispensable. Dans ce cadre, en actant un changement remarquable d’orientation, et c’est de bonne augure, cette responsabilité collective des Etats semble avoir franchi une étape décisive par la signature du traité paraphé par 195 pays lors de la Conférence de Paris (COP 21). Toutefois elle s’est opérée au cœur d’un monde instable… Ce n’est pas la plus anodine des données du problème : la récente élection du Président des Etats-Unis qui proclame que le réchauffement climatique est une invention chinoise pour ruiner l’industrie américaine, qui menace de revenir sur la signature des Etats Unis, qui nomme Scott Pruitt –défenseur des énergies fossiles—à la tête de l’EPA** suscite les plus grandes inquiétudes.

*A titre d’information, « les nouveaux équipements audiovisuels et informatiques consomment autant d’énergie que tout le transport individuel mondial. » (extrait du livre cité précédemment, p.127.

**Environment Protection Agency : Agence de Protection de l’Environnement que Scott  Pruitt a poursuivie plusieurs fois en justice au nom d’entreprises pétrolières de l’Oklahoma.

 

Certains lobbys aux USA, en GB ou en Allemagne évoquent les perspectives d’un âge d’or du gaz et d’une relance du charbon. Même Greenpeace le reconnait qui prévoit dans ses scenarii une montée initiale de la part du gaz naturel. Tout est envisageable à condition que les émissions de GES n’augmentent pas. Or, si aujourd’hui la production énergétique issue des énergies renouvelables ne suffit pas, toutes choses égales par ailleurs, différentes études montrent que la part des énergies fossiles devrait considérablement diminuer en 2050, que celle des énergies renouvelables sera en croissance considérable et que la part du nucléaire n’augmenterait que faiblement. Cette dernière assertion n’est pas à appliquer à la France, mais aux pays émergents qui cherchent à s’équiper en nucléaire (Chine, Inde, Turquie…) On le voit, le problème de l’approvisionnement énergétique ne peut pas se poser au niveau d’un seul pays. Le problème, ses contraintes et ses solutions ne peuvent raisonnablement s’envisager qu’à l’échelle planétaire, à une époque où la mondialisation règne en maître.

La question de fond et la priorité absolue : le stockage et le transport de l’énergie.

Prenons l’exemple du nucléaire qui illustre que la volonté politique fait sauter les barrières et donne une impulsion décisive à la recherche. Par l’ordonnance de 1945 le Général de Gaulle créait le CEA, après le choc pétrolier de 1973, pour garantir à la France une indépendance énergétique le Président Giscard d’Estaing lance le développement massif du nucléaire. Rappelons aujourd’hui cette époque aux pouvoirs politiques pour appliquer la même méthode volontariste au développement des énergies renouvelables, le stockage et le transport de l’électricité. Si on sait stocker l’énergie, d’où qu’elle vienne, on construira les éoliennes dans les régions de grand vent, les fermes photovoltaïques dans les pays de grand ensoleillement (le continent africain notamment est bien placé), les centrales à biomasse à proximité des déchets végétaux, les récupérateurs géothermiques près des volcans. La plupart des objections faites à l’efficacité et au coût des énergies renouvelables tomberont d’elles-mêmes. Mais à cette fin, l’innovation scientifique qui consiste à toujours améliorer les dispositifs existants est insuffisante. Si on s’était contenté d’améliorer le suif et la mèche des bougies, T. Edison n’aurait pas inventé la lampe à incandescence en faisant passer du courant à travers un filament de carbone. Fini, l’éclairage au gaz et au pétrole ! C’est une véritable rupture technologique qu’il a initiée. Nous avons besoin aujourd’hui de ruptures technologiques du même ordre. Ne confondons pas innovation technologique et rupture technologique. Une rupture technologique nait d’un saut qualitatif tel qu’elle supplante et  remplace une technologie dominante, parce qu’elle est profondément différente de celle qu’elle remplace. Nous en avons besoin sur les batteries, sur la supraconductivité des matériaux, sur l’utilisation et la manipulation de l’hydrogène dans les piles à combustibles. La pile à combustible existe, son principe est connu : produire de l’électricité par oxydation d’hydrogène et réduction simultanée d’oxygène. L’hydrogène est l’élément le plus abondant dans la nature, mais difficile à transporter…Ces recherches ont été initiées il y a plus de vingt ans et se sont peu à peu « assoupies » faute de volonté politique et de crédits. A l’heure du numérique, pourquoi ne pas organiser en réseau, en sorte de « cloud de la recherche » les laboratoires de recherche dans le monde et qui travaillent déjà sur ces sujets ? Ça existe à l’état embryonnaire, de la seule volonté des laboratoires, mais sans volonté politique, donc sans budgets suffisants. Il faut arrêter le saupoudrage financier et enfin construire un réel Plan Stratégique pour la Recherche, élaboré, voté et financé par l’ensemble de la communauté internationale. Cela implique que pour chacune des énergies on doive construire un socle de recherche fondamentale sur la question des ressources en amont et celle du démantèlement en aval. Toutes les énergies sont concernées. On connaît le cas du nucléaire et le problème de l’approvisionnement en uranium et du traitement des déchets à vie longue. Le photovoltaïque implique l’utilisation de métaux rares dont il est indispensable d’améliorer l’exploitation et le recyclage. Il est pour l’instant, puisqu’il se développe surtout en horizontal, très consommateur de surfaces. L’utilisation de la biomasse ne peut faire l’impasse sur les problèmes de déforestation-reforestation qui ressortent d’une prise en charge mondiale. Ce sont quelques exemples. On le voit, ces défis ne sont pas circonscrits au territoire français. Le bien public mondial que constituent les ressources énergétiques ne sera plus à ranger dans la catégorie des conceptions utopiques « bien public mondial » et encore moins facteur de guerres si la recherche fondamentale est partagée.

Mais revenons au nucléaire. Sortir du nucléaire ou pas en France est une fausse controverse. La production énergétique issue des renouvelables ne suffit pas et ne peut être substitutive au nucléaire. On ne pourra pas dans l’immédiat éviter de compter le nucléaire dans le mix de la transition énergétique. Au-delà de la fragilité énergétique dans laquelle nous serions plongés immédiatement, ça ne règlerait pas le problème de l’accident éventuel. Tchernobyl, Fukushima, des accidents planétaires et des nuages radioactifs qui se jouent des frontières. Dans ce contexte, l’urgence, c’est de garantir une régulation mondiale sur la sûreté des centrales, le contrôle des irradiations et la gestion des déchets. L’urgence, c’est de cesser la concurrence mondiale entre pays nucléarisés pour équiper à bas coût des pays acheteurs sans leur demander des garanties de sûreté et de contrôle de niveau équivalent aux nôtres ni se préoccuper de leur caractère démocratique et de leur capacité à contrôler leur territoire et leur maîtrise des opérations nucléaires. Plus que dans toute autre source de production d’énergie, l’Etat ne peut se désengager de sa responsabilité au profit du seul marché et ce, parce qu’il aura des comptes à rendre à ses voisins et au monde entier en cas d’accident sur son territoire. Autant d’arguments qui plaident pour une gouvernance mondiale partagée de la sûreté nucléaire. On peut déjà évoquer l’AIEA*, l’ASN* française et son appui technique l’IRSN***, très sollicités dans l’accident de Fukushima.

*AIEA : Agence Internationale de l’Energie Atomique. Créée en 1957 par l’ONU pour encourager et faciliter dans le monde entier le développement et l’utilisation à des fins pacifiques de l’énergie nucléaire et la recherche dans ce domaine. 127 Etats membres.

**ASN : Autorité de Sûreté Nucléaire. Autorité indépendante qui assure le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France pour protéger les travailleurs, les patients, le public et l’environnement des risques liés au nucléaire.

***IRSN : Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire qui effectue des recherches et des expertises sur les risques liés à la radioactivité.

Par ailleurs, les ingénieurs et opérateurs se doivent d’affiner les mesures de sûreté pour que les accidents ne dérapent jamais. La sûreté nucléaire passe par un resserrement des normes, une surveillance accrue des risques d’irradiation, la création d’ASN mondiales dont la forme est à déterminer. L’énergie nucléaire est l’énergie pour laquelle la France a le plus anticipé les problèmes de sécurité et de sûreté et qui a le plus investi dans ce domaine. C’est la moindre des choses, compte tenu des conséquences d’un accident et de l’échelle de temporalité qui lui est propre. Aujourd’hui, même si l’accident de Fukushima est dû à un tremblement de terre qui a provoqué un gigantesque tsunami, il faut imaginer l’inimaginable. Une centrale doit être plus que sûre. La redondance des systèmes de sécurité à titre d’exemple sur l’EPR est de 4, ce qui n’existe dans aucune industrie. Ici, le low cost est inadmissible. C’est une des raisons pour laquelle il me parait indispensable qu’EDF, établissement public, garde la maîtrise de l’exploitation des réacteurs nucléaires.

Mais que faire pour combattre chez nos concitoyens la peur rampante née du risque nucléaire ? Cette peur compréhensible qui sous-tend les débats, occulte le raisonnement : ce sont parfois les mêmes qui sont très consommateurs de radiodiagnostics et qui militent contre le nucléaire…

En finir avec le secret une fois pour toutes et garantir la transparence de l’information.

Pour imposer la transparence aux pouvoirs politique et industriel, le rôle de l’opinion publique est fondamental. Le mouvement est en marche et irréversible. Le corollaire, c’est qu’il serait bon que les citoyens s’informent eux-mêmes pour prendre part de manière constructive et argumentée au débat public et aux controverses afin de ne pas faire le jeu de groupes de pression, quels qu’ils soient.

Au-delà de garantir une sûreté toujours accrue, le rôle des pouvoirs publics est de mesurer et de rendre publics les résultats des mesures. L’essentiel est que non seulement ces données soient disponibles et compréhensibles par tous (publication et connaissance des normes), mais aussi que soient données les conditions des relevés et la nature même de ce qui est contrôlé. Si toute l’information est accessible (taux de radioactivité des territoires, des aliments, des objets, des populations) à tout moment, bref, si la transparence est garantie, alors on peut examiner les chiffres avec rigueur et sérieux, débattre et argumenter sur la base de connaissances communes et partagées qui sont du domaine public, enfin parler scientifiquement de la radioactivité. Plus de secret sur les dangers, plus d’interdits dans les débats. Par exemple on pourra dire et soutenir sans risque de se faire traiter de nucléocrate, qu’une centrale nucléaire en fonctionnement normal dégage moins de radioactivité qu’une centrale à charbon en fonctionnement normal. Allez, soyons honnête, on commence à pouvoir le dire. Et il est souhaitable que ces mesures s’étendent à d’autres activités humaines (effets possibles des antennes de télécommunication pour portables, aux mesures de pollution, au taux d’ozone dans l’air etc.). Bref, il reste à organiser la nouvelle démocratie qui permettra d’exposer les enjeux des choix énergétiques, l’objectif vital étant la réduction massive du carbone, seul impératif moral.

Les solutions à la demande croissante d’énergie sont dans les énergies alternatives qui interrogent le fonctionnement de l’économie et remettent en question le modèle de développement connu. Mais elles ne sont pas suffisantes aujourd’hui pour répondre à cette demande. Le nucléaire dont la part est appelée à diminuer est un aspect incontournable actuellement de la question, mais pas la seule réponse. Nous vivrons encore pendant quelques décades la transition énergétique qui verra baisser la part du nucléaire dans la production énergétique et la montée en puissance des énergies renouvelables. Mais la solution reste néanmoins dans une rupture technologique indispensable qui sera celle qui permettra le stockage et le transport de l’énergie.

Enfin, et cela vient encore souligner le caractère trompeur de cette controverse, il serait injuste de réduire le nucléaire au seul débat sur la production d’énergie parce qu’il a aussi démontré sa pertinence dans le champ de la médecine et de la recherche.

Pour mémoire, l’IRM, le SCANNER ou la caméra à positons, aujourd’hui indispensables à tout diagnostic médical sérieux sont à mettre à son crédit. Tout comme certains traitements anticancéreux. Dans le domaine de l’astrophysique, pour connaitre les grandes étapes de la création de l’univers depuis le big-bang, au CERN (Centre Européen pour la Recherche Nucléaire) à Genève, les physiciens expérimentateurs étudient la détection des rayonnements divers produits lors des collisions entre particules accélérées à des énergies de plus en plus grandes. La toute dernière découverte : la preuve de l’existence du boson de Higgs.

L’énergie nucléaire a vu le jour dans les années 30. Elle s’est inscrite dans la mémoire des hommes de la pire façon avec Hiroshima et Nagasaki. Par son utilisation pacifique et civile elle a concouru au développement accéléré des pays occidentaux et aux progrès spectaculaires du diagnostic médical. Comme toute énergie, mais plus que d’autres par ses conséquences en cas d’accident, c’est une énergie au pilotage délicat requérant une haute maîtrise technologique. Elle fait partie de notre développement économique et même de notre culture. Sa puissance pourrait détruire la planète et c’est la première fois que pareille éventualité existe dans l’histoire de l’humanité. La sagesse serait de diminuer peu à peu sa place dans la production énergétique au profit du développement des énergies renouvelables –et donc de changer de modèle de développement économique et sociétal– tout en continuant les recherches sur ses applications médicales et sur les sciences de la matière. Mais la sagesse des hommes est sans doute le paramètre le plus incertain et le plus instable du problème… Aussi, comme la langue d’Esope, le nucléaire sera la meilleure ou la pire des choses selon ce que les hommes choisiront d’en faire.

Sylla Mattei

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